Prince Nimpaye, Directeur Communal de l'Education (DCE) de Nyanza-Lac, fait actuellement l'objet de vives critiques pour avoir introduit l'enseignement du défilé militaire dans les écoles de la commune. Depuis deux semaines, il initie les enfants à la discipline militaire, une initiative qui soulève de nombreuses interrogations parmi les parents et même au sein du parti CNDD-FDD.
Le DCE, surnommé KINJANA, a lancé cette activité devant les élèves, leur enseignant à marcher au pas comme des militaires. Cette démarche suscite l'inquiétude de plusieurs parents qui se demandent si l'introduction d'activités militaires dans l'éducation des jeunes enfants est appropriée. Cette situation est liée à la préparation d'une grande fête du parti CNDD-FDD, prévue pour le samedi 29 mars au stade de Nyanza-Lac. Cet événement, qui sera présidé par le secrétaire général du parti, Reverien Ndikuriyo, est censé démontrer la force et l'unité du parti au pouvoir. Il ne s'agit donc pas d'une simple coïncidence entre cette célébration et l'initiative de KINJANA.
Réactions
Des enseignants de la commune craignent que cette initiative ne soit qu'un outil de propagande politique, tandis que d'autres la voient comme une militarisation inappropriée de l'éducation.
Le CREDEJ déplore que l'éducation de qualité ne figure pas parmi les priorités des responsables éducatifs membres du parti au pouvoir.
Les propos de Reverien Ndikuriyo, prononcés dans sa province de Mukamba devant des journalistes locaux et des correspondants internationaux, résonnent particulièrement : il a affirmé que même les fœtus devaient être imprégnés de l'idéologie du CNDD-FDD pour garantir la pérennité du pouvoir.
Ainsi, ce phénomène ne concerne pas uniquement la commune de Nyanza-Lac, mais touche l'ensemble du pays. Le milieu scolaire devient un terrain privilégié pour atteindre cet objectif. Le parti ne fait même pas l'effort de s'adresser aux jeunes en dehors des écoles et des cours. Cette situation est profondément regrettable et compromet l'avenir des jeunes Burundais, en particulier ceux issus de milieux modestes.
Le CREDEJ insiste sur le fait que le CNDD-FDD doit cesser d'engager les enfants dans des activités ressemblant à la formation militaire et souligne que les jeunes aspirent à vivre et grandir dans la paix.
De plus, une enquête menée par une ONG locale a révélé que très peu de jeunes souhaitent s'engager en politique ou dans l'armée. Pourtant, le CNDD-FDD ignore leurs voix, les contraignant à rejoindre le parti et à participer à des défilés militaires lors de chaque démonstration de force.
Le CREDEJ réitère son appel aux jeunes à faire preuve de prudence et à ne pas se laisser manipuler. Il est essentiel que les parents tirent des leçons du passé, en se rappelant que ceux qui ont été utilisés à des fins politiques ont vu leur avenir compromis. Un dialogue avec leurs enfants est indispensable pour les dissuader de suivre des éducateurs dont les objectifs ne s’alignent pas avec l'éducation de qualité.