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La lutte contre le chômage au Burundi : un discours politique trompeur

April 8, 2025 by
La lutte contre le chômage au Burundi : un discours politique trompeur
CREDEJ

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La lutte contre le chômage au Burundi : un discours politique trompeur  

Le chômage des jeunes et les conditions de travail au Burundi demeurent des préoccupations majeures. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Evariste Ndayishimiye, autoproclamé « Ami des jeunes », le discours sur l’emploi et le travail a pris un tournant significatif. Ce virage, qui semble responsabiliser de manière excessive les jeunes à la recherche d’un emploi, soulève plusieurs questions.

 Le président a mis en avant l’idée que l’autonomie des jeunes passe nécessairement par l’entrepreneuriat. Sous son mandat, des milliers de coopératives ont vu le jour, soutenues par le Programme d’Autonomisation Economique et d'Emploi des Jeunes (PAEEJ), une initiative jugée moins inclusive et transparente car favorisant plus des jeunes membres ou proches du parti au pouvoir, Cndd-Fdd

Cette transition vers l'entrepreneuriat soulève aussi de nombreuses interrogations. Faut-il obliger tous les jeunes à abandonner des carrières prestigieuses comme médecin, enseignant ou ingénieur pour espérer un avenir meilleur ? Bien que l’entrepreneuriat soit une voie légitime, il est absurde de faire passer cette option comme la seule solution pour tous au détriment des professions, pourtant essentielles. Actuellement, elles souffrent d’un manque de reconnaissance et de respect, ce qui souligne l’écart entre les discours officiels et la réalité du marché du travail.

 Volonté d'échapper aux responsabilités gouvernementales? 

Les autorités insistent sur l’idée que l’État ne peut pas offrir d’emplois aux jeunes diplômés. Cependant, les chiffres révèlent une autre réalité. De nombreux secteurs publics, notamment l’éducation et la santé, font face à des pénuries dramatiques de personnel. Par exemple, dans la province de Kirundo, plus de 500 enseignants manquaient au début du deuxième trimestre de l'année scolaire 2024-2025, et seulement 44 nouveaux enseignants ont été recrutés. Cette situation a été confirmée par Léocadie Mukaporona, directrice provinciale de l’enseignement. De même, dans le domaine de la santé, l’hôpital de Buyengero en province de Rumonge ne compte que deux médecins pour une population croissante, tandis que l’hôpital de Birimba, également en province de Rumonge, n'en emploie que quatre. 

Dans un tel contexte, il est incompréhensible que les autorités affirment que l’État ne peut pas offrir d'emplois alors que les besoins dans ces secteurs sont flagrants. Cette situation soulève des questions essentielles sur la responsabilité du gouvernement dans la création d’un environnement propice à l’emploi stable et durable. Si l’État ne dispose pas des ressources financières pour recruter de nouveaux employés, il devrait au moins reconnaître que des emplois existent et que les secteurs tels que l'éducation et la santé ont un besoin criant de renfort.

 Une manipulation politique ? 

Il devient évident que des professions respectées, comme celles de médecin et d’enseignant, sont dévalorisées dans le discours officiel. L’écart entre les besoins réels en personnel qualifié et le discours politique actuel semble de plus en plus difficile à justifier. Il est légitime de se demander si ce déni n’est pas une stratégie délibérée pour masquer l’incapacité du gouvernement à résoudre les problèmes de l'emploi.

 En réalité, les jeunes Burundais méritent de pouvoir aspirer à des carrières professionnelles respectées, avec des conditions de travail dignes. Il est grand temps d’exiger des actions concrètes et de rappeler aux autorités que l’éducation et les métiers du service public ne doivent pas être synonymes de pauvreté. 

Le CREDEJ juge qu'il est du devoir de tout citoyen de remettre en question ce discours politique et de revendiquer un avenir dans lequel chaque jeune pourra réaliser ses rêves, sans avoir à sacrifier ses aspirations professionnelles pour des solutions qui ne répondent pas aux véritables enjeux économiques du pays.