La représentation des étudiants traverse une période critique. Le CREDEJ, en tant qu'organisation engagée pour le développement de la jeunesse, exprime ses préoccupations face à la passivité des représentants des étudiants de l'Université du Burundi, qui semblent désormais davantage préoccupés par des intérêts politiques que par la défense des droits et des besoins des étudiants.
Les étudiants font face à des défis majeurs, mais leur représentation demeure étrangement silencieuse. Un journaliste a même rapporté que solliciter de l’aide auprès d’un représentant se solde souvent par un rejet, ou au mieux par une redirection vers le recteur.
Les annonces relatives aux événements institutionnels et les rappels à l’inscription dominent les fils d'actualité, tandis que les véritables enjeux auxquels les étudiants sont confrontés sont complètement ignorés.
Des besoins ignorés
Le communiqué du 26 octobre 2024, dans lequel Simon Bazirutwabo appelle les étudiants à s’inscrire pour les élections de 2025, illustre cette déconnexion. Aucun mot n'est consacré aux difficultés quotidiennes des étudiants : les repas devenus un luxe, la qualité des logements et des auditoires en déclin, ou encore les conditions d’études précaires. La représentation, loin d’agir pour améliorer ces conditions, semble se complaire dans l’inaction.
Politisation et manque d’engagement
Il est indéniable que plusieurs membres de la représentation des étudiants sont affiliés à la jeunesse du parti au pouvoir, soulevant des interrogations sur leurs capacités à défendre réellement les intérêts des étudiants. Bien qu’ils aient le droit d’adhérer à un parti politique, il est essentiel qu’ils n'oublient pas leur responsabilité première : celle de défendre les étudiants qu'ils sont censés représenter. Leur rôle devrait consister à initier des réclamations en vue de garantir une éducation de qualité et des conditions d’études.
Le CREDEJ appelle aux étudiants de l'UB en général et à sa représentation en particulier à une réflexion sérieuse sur la fonction des représentants étudiants et sur la nécessité d’un engagement authentique en faveur de leurs droits à l’Université du Burundi. La voix des étudiants doit être entendue, et leurs représentants doivent se rappeler que leur devoir premier est de défendre les intérêts de ceux qu’ils représentent.
L'administration de l’Université doit cesser toute tentative de contrôler la représentation des étudiants, afin que cette dernière retrouve sa vitalité et son efficacité, pour le bien-être des étudiants et pour l’avenir du pays. Il est important de rappeler qu'auparavant, les étudiants de l'Université du Burundi, organisés au sein de l'Association des Étudiants de Rumuri (ASSER), savaient faire entendre leurs revendications, ce qui a maintes fois frustré les pouvoirs qui voulaient une faible représentation des étudiants, pouvant être manipulée jusqu'à la moelle, au détriment de leurs droits acquis grâce à une résilience sans précédent, puisque la majorité a étudié dans des conditions difficiles, relatant scrupuleusement la pauvreté inédite de leurs familles. L'arrivée du pouvoir CNDD-FDD n'a pas tardé à suivre l'approche des régimes précédentes pour étouffer la voix loyale des représentants des étudiants. Avec la Fraternité des Étudiants de Rumuri (FER), la représentation a été politisée, avec un investissement assez lourd du régime CNDD- FDD pour contrôler la structure qui rêve pour le changement.
Malgré cette intempérie de menaces, l'opinion nationale ne peut pas oublier l'une des dernières mobilisations marquantes des étudiants de l'Université du Burundi et ceux de l' ENS , qui remonte à 2014. L'histoire se répète, les étudiants doivent comprendre qu'ils doivent être au-dessus de la mêlée pour être des acteurs clés sur lesquels les parties prenantes pourraient s'appuyer pour redynamiser le secteur de l'education.