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Recrutement des enseignants vacataires au Burundi: stop à la normalisation de l’exception!

April 8, 2025 by
Recrutement des enseignants vacataires au Burundi: stop à la normalisation de l’exception!
CREDEJ

Le système éducatif burundais traverse une  longue période marquée par le recours massif aux  enseignants vacataires. Bien que cette pratique vise à pallier le manque d’enseignants de la fonction publique, elle ne peut  soulèver que  de nombreuses inquiétudes quant à la qualité de l’enseignement et à l’avenir des apprenants.  Pour garantir un avenir meilleur aux apprenants, le CREDEJ juge qu’il est crucial de repenser cette approche et d'investir dans des solutions durables. Depuis plusieurs années, le ministère de l’Éducation nationale et de la Recherche Scientifique  a permis aux écoles et aux communes de recruter des enseignants vacataires en raison d’un nombre insuffisant d’enseignants permanents. En 2024, des initiatives comme l'annonce du recrutement de 400 enseignants vacataires à Ngozi soulignent l'ampleur du phénomène. Cependant, ce choix, bien que pratique à court terme, devient une habitude néfaste qui risque de compromettre l'avenir éducatif des jeunes burundais.

 Des Conséquences sur la qualité de l'éducation. 

La situation des enseignants vacataires est précaire. À Rumonge, par exemple, le besoin financier pour rémunérer ces enseignants est devenu un fardeau pour les familles. Les salaires, qui oscillent entre 60 000 et 100 000 BIF, sont souvent insuffisants pour couvrir les besoins de base des enseignants, les poussant à s'endetter. De plus, la régularité des paiements  est souvent problématique, ce qui ajoute à l'instabilité de leur situation. A titre illustratif, en décembre 2024, dans la commune de Nyabitsinda, province de Ruyigi, 14 enseignants vacataires ont réclamé le paiement de 3 millions BIF pour des heures prestées lors de l'année scolaire précédente. Des témoignages d'enseignants illustrent cette détresse : "Ces sommes sont dérisoires comparées au coût de la vie". Cette précarité a conduit à des départs, comme en témoigne la démission de cinq enseignants au premier trimestre de l’année scolaire 2024-2025 dans la même commune de Rumonge. Ces départs n’affectent pas seulement les enseignants, mais également les élèves qui se retrouvent sans encadrement stable. 

La norme à reconsidérer 

Le phénomène des enseignants vacataires, qui devrait rester une exception, devient une norme au Burundi. En 2023, le pays comptait plus de 8 389 bénévoles et vacataires  dans le système éducatif.  Le ministère en charge de l’éducation   encourage  cette catégorie  à persévérer d’autant plus qu’elle est  toujours prioritaires lors des recrutements du personnel enseignant selon une ordonnance  ministerielle cojointe. 

Néanmoins, le CREDEJ s’inquiète de cette situation, soulignant que la qualité de l'enseignement est compromise par des enseignants qui manquent de motivation et de ressources. Pour le CREDEJ, Il est impératif que le gouvernement prenne cette problématique au sérieux. La collaboration avec des partenaires pour trouver une solution durable, comme un recrutement massif d'enseignants qualifiés, est essentielle. Sinon, les enfants issus de milieux modestes ne pouvant que suivre un enseignement public  risquent d'être privés d'une éducation de qualité, accentuant ainsi les inégalités déjà présentes.